Pour moi, l’Égypte est véritablement le cœur palpitant du labyrinthe de la Rose. Elle est le bouton de la Rose, son centre secret. Car à partir de la conscience égyptienne ,  qu’elle soit antique, essénienne, copte ou musulmane aujourd’hui il se déploie une manière unique au monde d’être croyant, d’être mystique, d’habiter la foi.

Cette terre met en lumière les grands paradoxes de notre incarnation. Ici, la dualité est visible, crue, sans masque : la lumière et l’ombre se côtoient, la beauté et la noirceur se mêlent. La temporalité elle-même semble se distordre : ce qui se vit en Égypte n’obéit pas aux mêmes lois du temps qu’ailleurs. Et pourtant, au cœur de ce paradoxe, une autre réalité se révèle : une réalité d’union, qui se manifeste aussi bien dans le tissu social que dans le cœur des croyants.

Car le christianisme vécu par un copte égyptien n’est pas le même que celui vécu ailleurs. Le chrétien égyptien a rencontré le Christ dans la continuité de l’Antiquité, il porte en lui l’ombre et la lumière de ce long héritage spirituel. De même, le musulman égyptien a embrassé l’islam comme une continuité : continuité de son christianisme précédent, continuité de sa mémoire antique. Ainsi, les couches spirituelles ne s’effacent pas les unes les autres : elles s’imbriquent, elles se répondent, elles s’enrichissent.

C’est pour cela qu’ici, dans la vallée du Nil, on perçoit une unité rare au monde : l’unité des cultes et des mystères, depuis les temples antiques, les nazaréens et les esséniens, jusqu’aux premiers chrétiens et à la mystique musulmane, largement soufie. En Égypte, la foi ne se vit pas par séparation, mais dans un tissage d’expériences, de mémoires et de rites qui forment un seul et même corps vivant.

Cette terre est une invitation permanente. Elle révèle nos dualités les plus sombres, mais c’est pour mieux nous convier à faire éclore en nous la Rose de l’unité. Voilà pourquoi je n’ai jamais pu imaginer vivre ailleurs qu’en Égypte. Voilà pourquoi, comme je le dis souvent, je ne pourrai mourir ni être enterrée ailleurs qu’ici. Il y a dans cette terre une évidence mystérieuse, inexplicable, une attraction réciproque, une reconnaissance intime : l’Égypte n’est pas seulement autour de moi, elle est aussi au-dedans de moi. Elle est l’épicentre du labyrinthe de la Rose, et ma propre demeure intérieure.

C’est ce regard, cette expérience que je transmets et que j’invite à partager. Dans mes retraites, mes pèlerinages, mes immersions, dans chacun de mes espaces de formation, il ne s’agit pas seulement de visiter l’Égypte extérieure, mais de rencontrer l’Égypte intérieure. De vivre cette initiation qui, à travers moi, se propose à vous.

C’est pour cela aussi qu’est né l’an dernier le documentaire Entre Le Caire et Aswan. Face aux préjugés, aux voiles imposés par les médias, face aux croyances qui défigurent ou éloignent cette réalité vivante, j’ai voulu offrir une autre vision. J’ai voulu vous permettre de sentir, depuis chez vous, cette vibration unique, cette mystique incarnée qui se vit chaque jour sur les rives du Nil.

Ce documentaire, j’ai choisi de le financer entièrement moi-même, de le porter de bout en bout, avec une petite équipe qui, au fil du temps, s’est professionnalisée dans l’audiovisuel. Il m’a fallu de longs mois pour le réaliser, et aujourd’hui encore je continue de le soutenir afin qu’il reste accessible à toutes celles et ceux qui rejoignent La Voie des Marie. Parce que pour moi, il est essentiel de poursuivre cette forme de transmission immersive, poétique, incarnée : me déplacer avec mon micro, avec mon équipe, pour vous emmener au cœur des lieux, au plus près des témoins, et vous faire goûter à cette réalité vivante.

Chaque femme, chaque homme, chaque personne qui rejoint La Voie des Marie participe à cet élan. Non seulement en soutenant ce documentaire, mais en permettant la naissance d’autres projets, déjà en gestation. D’autres immersions, d’autres films, d’autres transmissions qui continueront d’ouvrir le voile sur cette réalité spirituelle trop souvent déformée ou effacée.

Car la plupart des médias et même des enseignements spirituels ne proposent qu’une vision tronquée. Soit une utopie superficielle, consommable, désincarnée. Soit une propagande qui attise la haine, l’intolérance, le jugement et le mépris. Or, il existe autre chose. Il existe une réalité incarnée, vivante, portée par des milliers de femmes et d’hommes sur cette terre et ailleurs, et que l’on peut voir si l’on accepte simplement de lever le voile posé par notre culture occidentale.

C’est cela qui me tient à cœur. C’est cela que je transmets à travers La Voie des Marie et tous mes espaces. Et c’est cela qui, je le vois à travers vos retours, transforme les consciences : une nouvelle vision de la foi, de la religion, de la spiritualité, parfois même de Dieu. Et c’est pour moi la récompense la plus humblement divine : voir fleurir, au centre du cœur, la Rose de l’unité, et enfanter chaque jour un peu plus le Royaume.